vendredi 11 octobre 2013

Leçon de choses

Des leçons, mes professeurs m’en ont appris des tas. Mais une des plus formatrices m’a sûrement été donnée par une des institutrices que j’ai rencontrées…dans mon cabinet !

Comme beaucoup de mes patientes, je ne la connaissais pas avant qu’elle me contacte pour assurer ses séances de rééducation du périnée. Elle est arrivée avec son petit lové contre elle, d’un air à la fois assuré et décontracté.
Posément, elle annonce : « Je suis venue pour faire ma rééducation périnéale. Mais ce n’est peut-être pas nécessaire : je sais, je sens que tout va bien ».

J’étais alors une jeune sage-femme libérale habituée à savoir, et à savoir mieux que les femmes. Même si j’aimais déjà les accompagner selon leur projet, je n’avais pas encore compris qu’ELLES détiennent une infinité de connaissances subtiles à écouter et à valoriser.

Immédiatement, j’ai donc pensé « Oui, enfin, ça, ça reste encore à voir. C’est quand même mon examen qui va pouvoir déterminer l’état de son périnée ».


Evidemment, elle avait raison. 

mardi 8 octobre 2013

Juste une sage-femme

Ce jour-là, nous étions tout un groupe de sages-femmes réunies là pour parfaire nos connaissances et avides d’en acquérir de nouvelles.

Le dynamique enseignant avait entrepris de nous sortir de la torpeur post-prandiale en débutant son intervention par une petite séance de sémiologie.

La sémiologie…Cette partie de la médecine dont l’objet est l’étude de tous les signes cliniques qui permettront ensuite d’établir un diagnostic. Chacun de ces petits ou grands symptômes a un nom bien particulier qui vient enrichir le foisonnant vocabulaire médical. Et c’est ainsi qu’il a été décidé que lorsque nous ressentons une douleur très violente en un point très précis, cette dernière soit qualifiée...........d’exquise…

Bref, autant dire que, moi qui aime trouver le mot juste pour exprimer mon ressenti ou ma perception de la réalité, j’étais aux anges. Et je l’ai d’autant plus été lorsque notre professeur se chargea de nous rappeler que nous sommes une profession médicale ; et qu’en tant que telle, nous nous devons de nous exprimer dans un langage bien explicite pour gagner en précision, être compris de nos pairs, éviter les malentendus mais aussi gagner cette reconnaissance de notre statut après laquelle nous courrons tant.

Après nous avoir donné ou rendu les clés du jour, le médecin nous proposa donc de nous exercer à mettre le mot juste sur toute une série d’observations.

C’est alors qu’au détour d’une question à laquelle elle peinait à répondre, une de mes collègues répliqua : « Mais enfin, je ne suis QUE sage-femme ! ».


Mais alors, c’est quoi, « juste » une sage-femme ?...