samedi 25 janvier 2014

Autour d'une femme

Humeur morose ces derniers jours...

Alors que les sages-femmes se battent pour que les compétences qu'elles exercent et leur travail quotidien soit reconnu, l'ambiance est tendue avec certains gynécologues-obstétriciens.
Il y a quelques jours, le Magazine de la Santé recevait le Dr Le Pors-Lemoine, gynécologue-obstétricienne et vice-présidente du SYNGOF. Ses propos au sujet des compétences et de la qualité du travail dessages-femmes peuvent se résumer en une phrase choc : 
"Les femmes ne sont pas que surveillance d'utérus, seins et ovaires. La femme a aussi un cerveau, un coeur, il y a donc une prise en charge globale pour la santé des femmes"

Me sentir ainsi dénigrée me mine. Le hasard des bureaux encombrés m'a alors fait retomber sur cette petite carte...

Cela faisait longtemps que je n'avais plus vu cette famille. Et pourtant, ils avaient eu envie de se rappeler à mon bon souvenir pour quelques nouvelles.

Je l'avais rencontrée au débuté de sa grossesse.
Elle était venue me consulter car elle refusait de voir son gynécologue. Elle m'expliqua que l'absence de prise en compte de son ressenti et de ses antécédents lors de sa précédente grossesse lui avait fait perdre sa trompe, et presque la vie. Après des mois d'attente, ce foetus-là s'était bien niché dans son utérus et tout se passait au mieux. Nous avons alors cheminé ensemble pendant plusieurs mois.

De sa tête et de son coeur, je m'en suis occupée.
Quand devenir mère n'était pas si simple, que ses vieux démons sont venus la hanter ou encore quand une avalanche de questions tentaient de masquer son angoisse.
Quand nos discussions ont pris le chemin de la contraception et que je l'ai mise en garde sur ses facteurs de risque contre-indiquant certaines options.
Et également ce matin-là, quand j'ai préféré prendre l'avis de son médecin traitant alors que "ça battait la chamade là-d'dans".

Ce sont bien des heures qui ont été consacrées à son soutien lorsque l'allaitement est devenu difficile. Et quand j'ai douté, c'est avec beaucoup de plaisir et d'intérêt que j'ai collaboré avec un pédiatre spécialisé en allaitement maternel.

Des mois plus tard, j'ai aussi pris le temps de contacter le CRAT pour apporter de nouvelles données au spécialiste qui s'interrogeait sur le traitement qui lui permettrait de sortir du choix cornélien : "l'allaitement ou le soulagement".

Peut-être qu'un jour elle se plaindra de symptômes qui dépasseront le simple suivi gynécologique de prévention qu'elle poursuit avec moi. Je ne doute pas que je parviendrai à l'orienter à ce moment-là vers un gynécologue soucieux de travailler en bonne intelligence, et qui saura se montrer aussi efficace que disponible et à son écoute.

C'est ça, mon métier au quotidien : un utérus, des ovaires mais enfin surtout une femme ! Et souvent une famille à ses côtés. Et parfois même un ensemble de professionnels de santé qui gravitent autour...dans le respect et la collaboration.