Mais tout
ça, je l’ai appris au fil des rendez-vous qui ont ponctué sa grossesse…
Louise
s’était posé beaucoup de questions sur ce qu’une sage-femme pouvait bien lui
apporter, à deux mois de grossesse. C’était un peu tôt pour accoucher !
Mes quinze incompressibles minutes de retard lui auront permis avec étonnement
de découvrir tous les champs d’action de notre profession…
Ainsi donc,
je pouvais lui prescrire les examens et éventuellement les traitements
nécessaires au suivi de sa grossesse ? Et continuer à l’accompagner après
la naissance pour les milles et une question qu’elle ne s’était jamais posées
lors de la préparation, tout en assurant la surveillance clinique de son
enfant ?! Et même, même lui poser ce fameux stérilet dont toutes ces
copines lui avaient vanté les mérites ces derniers temps ?!!
De mon côté,
j’ai toujours eu un rapport un peu ambivalent avec la première consultation de
grossesse. C’est souvent une première rencontre avec cette femme, avec ce
couple. La nouvelle est encore fraîche et les questions s’entremêlent.
J’aimerais
aller à leur rythme, celui d’une ligne rose un peu pâle et incertaine, de
quelques nausées surprenantes et de soirées écourtées par un furieux besoin de
sommeil. Il y a là des doutes, des sensations inconnues, et parfois
inquiétantes. Des responsabilités qui se profilent, des promesses qui se
dessinent peu à peu et parfois la valse des hésitations.
Apprivoiser
devrait bien être le maître mot de cette rencontre. Apprivoiser tous ces
chamboulements et s’apprivoiser les uns et les autres pour le bout de chemin je
parcourrai à leurs côtés.
Mais le
temps médical n’est pas le même.
Voilà que ce
premier contact doit me faire relever les antécédents, prescrire un long bilan
qui parle de maladies qui font frissonner, faire signer des documents
médico-légaux, abreuver de conseils en tout genre, prévenir les potentielles
carences, fixer un calendrier d’examens et de démarches. Et surtout, à peine
les contours d’une nouvelle vie qui apparaissent, faire réfléchir au dépistage
des maladies chromosomiques avec en filigrane l’éventualité d’une interruption
de la grossesse.
Alors
j’essaie de tricher avec le temps, de freiner le tourbillon du normatif,
d’écouter et de faire de la place aux individus cachés derrière le tas de
papiers qui s’amoncelle.
Pour Louise
d’ailleurs, tout allait bien. Sûrement avait-elle dû être bonne élève dans ses
jeunes années car elle s’appliquait à bien répondre. Un peu trop bien peut-être…
Me raconter l’histoire de sa
grossesse ? Oh, une grossesse accid…surprise mais c’était quand même le
bon moment, en fait. Son chéri est formidable, ils ont tous les deux un CDI et
il y avait même une pièce en trop dans leur appartement tout neuf. Et puis elle
sait qu’elle pourra compter sur les conseils de sa belle-mère.
Si ça se passe bien ? C’est à moi de
lui dire, ça ! En tout cas, elle n’a pas trop de nausées. Enfin,
d’ailleurs, c’est normal, ça ?
Ce jour-là,
je choisirai d’être à l’écoute de ce qu’elle aura envie de me confier et de ses
silences.
Elle prendra
des notes fébriles pour pouvoir réfléchir avec son compagnon aux décisions à
prendre dans les semaines à venir quant aux examens proposés. L’occasion pour
elle de découvrir que si elle le souhaite, une autre sage-femme, spécialisée
dans le domaine, pourra assurer son suivi échographique à la maternité de
Saint-Nanterre.
S’apprivoiser avait-on dit…Il y avait
comme un goût de retenue dans cette première rencontre. Un goût qui me faisait pressentir que mon légendaire quart d’heure risquait
de se transformer en demi-heure de décalage…
Un sourire,
une veste qui avait finalement besoin d’être réajustée d’un millimètre avant de
sortir, un reflet au coin de l’œil, la main sur la poignée…« Vous croyez qu’il le sent que je ne voulais pas de lui et que
parfois encore je… ? »
A l'occasion du 5 mai, Journée Internationale de la Sage-Femme,
les blogueurs sages-femmes vous invitent à voyager de billet en billet
pour découvrir l'histoire de Louise C.
pour découvrir l'histoire de Louise C.
Une très belle histoire, de bout en bout. Ca m'a même parfois tiré des larmes, sans que je sache trop pourquoi. Ou plutôt si: la naissance d'un bébé, mais aussi d'une mère et d'un père, c'est beau tout de même. Merci à vous.
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